N’oublie jamais! La peau comme mémoire

Elle vient de se faire tatouer « l’Allégorie de sa liberté retrouvée ! ». Un sentiment d’inquiétante étrangeté surgit du côté de l’analyste : en deçà de cet énoncé sur un ton triomphal qui résonne dans un registre d’idéal je me demande d’emblée  ce qui rend indispensable une inscription définitive ? Est-ce une nouvelle identité inscrite dans la peau mais pour montrer quoi, à qui, pourquoi ?

Il faudrait ne jamais oublier que cette « liberté » fut difficile à conquérir ? Faire le voeu que ce trajet soit marqué et vu par soi et les autres comme si la mémoire, ordinaire, celle du fonctionnement psychique n’allait pas suffire ? Alors ce serait comme une nouvelle feuille de route nécessairement visuelle, n’oublies jamais ? Freud à propos des restes mnésiques signale un recours possible au visuel : dans le « moi et le ca »  il souligne « qu’il ne faudrait pas dénier le fait qu’un devenir conscient des processus de pensée par retour aux restes visuels est possible et chez beaucoup de personnes semble privilégié ». On pourrait faire l’hypothèse que dans certaines situations psychiques archaïques la constitution des enveloppes psychiques par les premiers regards a été perturbée, le visuel gardant par la suite une place très particulière.

Ce sont ces questions et d’autres autour de la latéralisation du transfert, mais aussi de l’irruption d’une donnée énigmatique de la culture  dans le contre-transfert de l’analyste  qui ont surgies à l’occasion de ce travail analytique

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