Le contre transfert : craintes et tremblements
Le contre-transfert est obstacle et boussole. Toute la question est évidemment de mesurer quand il sert le processus analytique et quand il l’entrave. A l’aube de la réflexion freudienne, il était défini comme un mouvement que tout analyste devait tenter de juguler. Depuis les années 50, la notion désigne l’ensemble des effets inconscients que produisent chez l’analyste en séance les mouvements transférentiels du patient, et c’est en s’y rendant pleinement sensible que l’analyste doit pratiquer son écoute
S’agissant du transfert, Jean-Luc Donnet distinguait heureusement entre un transfert pour interpréter et un transfert à interpréter. Il en est également ainsi du contre-transfert. Il y a un contre-transfert pour écouter et interpréter, et un contre-transfert à écouter et à s’interpréter. Le contre transfert à interpréter se signale toujours par un accident, indice d’un brutal retour du refoulé, fauteur de crainte et de tremblements que l’analyste ne peut manquer de considérer comme l’effet d’un manquement coupable. Ici, constamment, les théorisations oscillent entre deux pôles . L’un voudrait que tout vienne du patient, l’autre que tout vienne de l’analyste. Or le contre-transfert est une réponse inconsciente que l’analyste fournit à ce qu’il reçoit du patient en fonction de l’organisation de sa sexualité infantile à lui . Ce qu’il éprouve comme sentiment immédiat et conscient dans l’actualité de la cure ne constitue que l’habillage de ce qui ressortit à son inconscient à lui mais a été mis en mouvement et en résonnance par ce qui vient du patient. Pour en mesurer les effets, il importe qu’il puisse se défaire de sa contre-attitude pour parvenir à un réel contre-transfert (A. Kestemberg)
A partir de différents exemples cliniques, je m’efforcerai de montrer ce qu’il en est du devenir de quelques rejetons contre-transférentiels dans différentes cure que j’ai pu mener.
Laurent Danon -Boileau